6 Mai 2020
Depuis la deuxième moitié des années 90, nul ne peut nier que le Metal Symphonique a pris une place prépondérante, et permis à la gente féminine de devenir bien plus qu'un faire valoir comme ça pouvait être le cas par le passé. Des icônes comme Tarja Turunen ( Nightwish ), Sharon Den Adel (Within Temptation ) ou encore Simone Simons ( Epica) ont su s'imposer comme des exemples pour des jeunes filles, bien au-delà de leurs attributs physiques, et s'accaparer un style musical ou elles pouvaient s'exprimer librement. Alors oui, comme dans tous les genres musicaux qui co-existent dans cette musique saturée qu'est le Metal, avec les années qui passent, on a eu droit à un torrent d'albums plus ou moins bons, plus ou moins bien produits, les maisons de disques ayant trouvé pour un temps le filon idéal. Il ne fait aucun que Melissa Bonny, au centre du projet AD INFINITUM qui nous intéresse aujourd'hui, s'est nourrie de cette époque, grandissant et se construisant musicalement aux rythmes des 'Mother Earth', 'Sacraments Of Wilderness' et autres 'Cry for The Moon'...
Mais le monde de la musique n'est pas un long fleuve tranquille, et la belle métisse Suisse a dû travailler dur pour trouver sa place. Tout d'abord au sein de Evenmore, groupe de Folk-Metal ou elle a commencé à montrer ses talents de vocaliste sur l'album 'Last Ride' en 2016, avant d'intégrer Rage Of Light, groupe de Modern-Metal qui a sorti un album remarqué en 2019, 'Imploder', que je vous conseille en passant. La demoiselle a d'ailleurs démontré tous ses talents sur la reprise du maintenant mythique "Twilight Of The Thunder God" de Amon Amarth, avec un chant growlé que n'aurait pas renié la très médiatique Alissa White-Gluz de Arch Enemy.
Comme tous les artistes, Melissa avait besoin d'un projet dont elle serait la génitrice, et c'est à partir de là qu'est né AD INFINITUM. Pour arriver à ses fins, elle s'est d'abord entourée d'un trio de musiciens confirmés comme Jonas Asplin à la basse, Niklas Müller à la batterie et Adrian Thessenvitz aux guitares, qui sauraient la soutenir dans ce projet. Mais comme dit en début de chronique, un album n'est rien sans une production à la hauteur, et c'est là que débarque Oliver Philipps, connu pour avoir chapeauté des groupes aussi divers que Delain, Ancient Rites ou encore Leah. La cerise sur le gâteau étant le mixage final, assuré par le magicien Jacob Hansen ( Powerwolf, Delain, Amaranthe... ), excusez du peu !
Alors tout ça c'est bien, me direz-vous, mais un bel emballage ne fait pas forcément un bon produit... Sauf qu'ici, on a sans aucun doute l'album de Metal Sympho le plus frais que j'ai pu écouter depuis bien longtemps. AD INFINITUM n'a pas fait l'erreur de certains en mettant en avant l'orchestre ou les effets classiques du genre, ceux-ci n'étant là que pour bonifier des morceaux bien en place, sans imposer ce côté pompeux que l'on entend bien trop souvent. Non, l'accent a été mis sur l'efficacité, sur la structure des morceaux qui rappelle le Power-Metal, sur ces refrains travaillés et aisément mémorisables à la première écoute, sur ces riffs incisifs d'une efficacité redoutable, et cette base rythmique qui emporte l'adhésion.
Dès les premières notes de violons de "Infected Monarchy" qui ouvre l'album, l'auditeur qui semble en terrain connu, et passablement blasé par le style, en prendra pour son grade, tant ce qui est proposé semble une refonte du genre. Notamment par le chant de Melissa Bonny, qui se veut grandiloquent sans être lyrique, qui dans sa justesse et sa puissance n'est pas sans me rappeler Cristina Scabbia de Lacuna Coil. Parfois angélique et caline ( "Fire & Ice" en est l'exemple parfait ), la belle n'hésite d'ailleurs pas non plus à pousser son spectre vocal dans ses derniers retranchements, avec un chant caverneux et des growls bienvenus quand le moment s'en fait ressentir, notamment sur les refrains de "Marching Of Versailles", "Revenge" et "Demons"...
Alors vous l'aurez compris, je suis totalement tombé sous le charme de ce 'Chapter 1-Monarchy', qui est un véritable vent de fraîcheur dans le petit monde du Metal Symphonique. Compositions variées et efficaces, production impeccable de maîtrise, que demander de plus ?