2 Novembre 2019
Autant l'avouer tout de suite, je ne suis pas et je n'ai jamais été un grand fan de Metal Progressif. Certes, je suis capable d'apprécier des groupes qui en empruntent le chemin, comme Orphaned Land, Evergrey, Symphony X ou encore Threshold, mais ce n'est définitivement pas ma tasse de thé. Je suis d'ailleurs le premier à ignorer le phénomène Dream Theater et sa virtuosité, regretter qu'Opeth s'entête dans ce Rock Progressif 70's plutôt que de revenir à ce qui a fait son succès, ses relents Death et ses poussées d'adrénaline. Alors autant dire que ce que vient de faire KLONE avec ce sixième album studio est un véritable tour de force...
Guillaume Bernard, seul membre originel du groupe Poitevin créé en 1995, guitariste et compositeur principal du groupe, a toujours su mener sa barque, quitte à perturber sa Fan-base. Car si KLONE a débuté réellement sa carrière en 2004 avec 'Duplicate', album remarqué qui offrait un Groove-Metal enlevé, celui-ci s'en est éloigné d'album en album, en expérimentant de nouvelles voies, qui semblaient l'emmener de plus en plus loin du Metal traditionnel. Ce revirement musical, cette évolution naturelle que semblait prendre le groupe, montrait à quel point celui-ci semblait maintenant se tourner vers un Rock Progressif léché, comme il nous le prouva avec 'Here Come The Sun', qui pourtant n'était qu'un brouillon, une expérimentation d'éléments qui allait aboutir à un album d'exception, que dis-je, à un chef-d'œuvre absolu !
Alors oui, KLONE s'éloigne encore un peu plus du Metal, comme je l'expliquais un peu plus tôt, mais est-ce si grave finalement ? Celui-ci a d'ailleurs signé sur un label purement à tendances progressives, Kscope Records, ou on retrouve notamment Steven Wilson et Anathema, le grand saut dans la cour des grands en quelque sorte, et autant dire qu'il le fait avec la manière !
'Le Grand Voyage' débute par un "Yonder" épique aux guitares finalement lourdes et sombres ( l'un des rares titres Heavy de l'album avec "The Great Oblivion" ), qui joue sur la dualité avec ce chant à fleur de peau de Yann Ligner et ces orchestrations froides et hypnotiques notamment dues à ces notes de piano et ces synthés venues d'ailleurs. Chaque titre de cet album possède d'ailleurs une atmosphère propre, comme "Breach" et son ambiance éthérée ou on retrouve ces lignes de guitares harmoniques et évanescentes que n'aurait pas renié un certain David Gilmour. "Indelible" et son spleen spirituel qui nous transporte bien loin avec ce passage jazzy et le saxophone de Matthieu Metzger qui nous propose un voyage hors du temps et du monde connu... Je pourrais continuer comme ça à décortiquer les autres morceaux, mais à quoi bon ? Mon seul but avec cette chronique, étant de vous donner envie de vous y plonger à votre tour, pas de vous spoiler car c'est à mon sens une œuvre qui se découvre comme un bon livre ou un film d'exception.
Les thèmes abordés dans les 9 perles qui forment cette pièce maîtresse semblent jouer sur une opposition naturelle des choses, comme l'est la nature humaine. L'amour et la haine, la vie et la mort, tous ces éléments et ces sensations que chacun d'entre nous peut vivre à un moment ou à un autre.
Alors il est évident que le chemin emprunté ici par KLONE ne plaira pas à tout le monde, qu'il semble même être un aller sans retour, mais l'expérience a été pour moi incroyable. 'Le Grand Voyage', avec son patchwork de paysages sonores uniques m'a conquis comme aucun album ne l'a fait cette année, m'a fait vivre des émotions comme seuls les grands albums en sont capables, comme l'avait fait l'an passé Amorphis et son 'Queen Of Time' dans un style radicalement différent. Album de l'année, évidemment !