4 Novembre 2019
A la vue de cette pochette à l'artwork sublime signé par Niklas Sundin de Dark Tranquillity, j'ai tout de suite pensé à un groupe français donnant dans le Post Black-Metal/Shoegaze à la Alcest, très populaire ces dernières temps. Bien mal m'en a pris, car nous sommes en présence ici d'un concept, d'un projet bien différent puisque celui-ci revisite le Metalcore à sa façon, le modernisant avec diverses influences pour mieux se les accaparer et nous emmener dans une schizophrénie, une froideur et une noirceur rarement entendue jusque-là... C'est bien simple, dès la première écoute j'ai été scotché par ce premier album d'un groupe qui nous vient d'Islande, cette île rocailleuse battue par les vents, située quelque part entre la Norvège et le Groenland, connue pour ses volcans et ses sources chaudes. Elle est aussi un fleuron artistique intense, ou l'inventivité est reine, puisqu'on y retrouve des groupes aussi divers que Solstafir, Sigur Rós ou l'inévitable et inclassable Bjork.
Si dès les premiers accords de "Sin & Guilt" on semble en terrain connu, on se rend vite compte qu'il se passe quelque chose d'inattendu, une ambiance lourde et pesante qui ne nous lâchera pas tout au long des 12 titres de ce premier opus, une oppression que je n'ai pas ressenti depuis une éternité, le dernier étant Acacia Strain en 2010 avec 'Wormwood'. "Sermon" est pour moi un titre emblématique de ce qu'est UNE MISERE, un riff d'intro qui n'est pas sans rappeler un certain "PsychoSocial', une base rythmique implacable qui s'impose comme une punition, un chant hurlé sans concession de Jón Már Ásbjörnsson qui n'est pas sans faire penser à Marcus Bischoff de Heaven Shall Burn, dont le groupe semble d'ailleurs avoir gardé l'essence, l'énergie et la violence comme il le montre avec le fou furieux "Burdened-Suffering", un concentré d'adrénaline et de violence enivrante. Mais UNE MISERE arrive aussi à poser des ambiances plus atmosphériques, parfois assez proches du Post-Hardcore de Neurosis et Cult Of Luna, ses claviers planants hypnotiques vous emmenant vers un final proche du maelström sonore avec ses riffs pachydermiques sur le dérangeant "Overlooked-Disregarded". Et lorsque Jón Már Ásbjörnsson utilise un chant clair apaisant et sublime en introduction de "Fallen Eyes", c'est pour mieux vous emporter dans sa folie et ses ténèbres peuplés de blast-beats et de hurlements gutturaux sans concession. Dois-je aussi vous parler des expériences industrielles qu'UNE MISERE emprunte sur "Beaten" avec une réussite incontestable ?
Alors vous l'aurez compris, UNE MISERE vient de pondre un véritable monolithe, une force brutale qui s'impose à l'auditeur en manque de sensations fortes, qui ne se limite pas à la violence sonore, puisque les paroles des chansons sont du même acabit, malsaines et sans concession aucune comme le montrent celles de "Damages", qui une fois traduites donne ceci: “Tue-moi/Couche moi pour mourir/Enterre moi/Enterre-moi avec tous mes péchés/Parce que la pression/La pression d'être en vie/Devient trop forte, pour que je puisse la gérer moi-même”...