7 Décembre 2019
Au moment même ou j'écris ces lignes, un monstre sacré est sur le point de s'assoupir définitivement ou presque... Après 35 ans de loyaux services au nom du Metal, SLAYER le maître absolu du Thrash-Metal, genre qu'il a créé au début des années 80 en Californie avec quelques gamins aussi turbulents que lui, a décidé de rendre les armes. Et ça fait chier, on a grandi avec ces gars, qui ont aujourd'hui quasiment l'âge de la retraite. Oui, je dois bien l'avouer, la chronique de ce dernier Live est particulière pour moi, car j'ai été gamin, adolescent puis adulte en écoutant ceux que l'on appelle désormais le BIG 4 ( Metallica, Slayer, Megadeth & Anthrax ), j'ai frémi à la découverte de leurs premiers émois en 1983 à la sortie d'albums aussi mythiques que 'Show No Mercy' & 'Kill'Em'All', qui avaient en eux une folie que le plus grand groupe de l'époque, Iron Maiden, ne pouvait nous apporter. On le sait tous, les Metalleux ne voient pas la musique comme les autres, c'est une philosophie de vie, presque une religion, une attention de tous les instants dans une époque ou internet et les téléphones portables n'existaient pas, ce qui avec le recul était plutôt bien finalement. Je me souviens de toutes ces années avec un sentiment particulier, car je me faisais un peu de thune en bossant plus ou moins au black les Mercredi & Samedi chez un disquaire, qui m'exploitait plus qu'autre chose, mais ce n'était pas grave car ce type qui gérait sa petite boutique avait le jour même de la sortie les dernières nouveautés, et je pouvais en profiter. Je servais de conseiller auprès de tous ces chevelus, pour l'album en vinyle ou K7 du mois qu'ils pouvaient s'acheter, alors le droit à l'erreur était interdit. Suivant les ventes du magasin, je pouvais repartir avec mon vinyle sous le bras, et en seulement quelques mois j'avais une collection dont j'étais particulièrement fier. Des albums, il y en a eu, mais en 1986, c'était une folie sans nom, comme si les Dieux du Metal avaient décidé de faire de cette année-là une exception. Dans le désordre, on a eu droit à 'Somewhere In Time', 'Peace Sells...', 'Master of Puppets', mais surtout cette folie qu'a été la première écoute de 'Reign In Blood' ( celui qui ose me parler de Bon Jovi ou Poison, je lui mets la bifle de sa vie ! ), désigné comme le plus grand album de Metal de tous les temps par Kerrang bien des années plus tard, et il n'avait pas tort le bougre !
Mais le temps a fait son œuvre sans que l'on s'en rende vraiment compte ou presque, malgré les sorties d'albums et les concerts qui s'enchaînaient. Tom Araya se plaignait de plus en plus des tournées, et on s'est dit qu'un jour ou l'autre il annoncerait l'inévitable, surtout que bien des événements semblaient prémonitoires. Le bassiste/hurleur, headbanger fou furieux avait dû se faire opérer du cou pour ne pas finir handicapé et arrêter ses pitreries sur scène, Dave Lombardo avec ses allers et retours dans le groupe lui ont valu une éjection définitive et surtout le décès de Jeff Hanneman en 2013 semblaient sonner le glas d'une légende... Pourtant SLAYER a continué avec l'homme de main de toujours Paul Bostaph derrière ses fûts et Gary Holt d'Exodus pour reprendre la six-cordes du blond d'origine Germanique. Alors oui, ce n'était plus pareil, car pour tous les fans comme moi, il ne restera finalement qu'un seul line-up, celui regroupant le quatuor magique Tom Araya/ Kerry King/ Jeff Hanneman/ Dave Lombardo, ceux qui ont assisté au concert du Zénith de Paris le 22 Novembre 1991 savent de quoi je parle, simplement le concert ultime !
Comme je le disais en débutant cette chronique, ce 30 Novembre 2019 est à marquer dans le livre d'Or du Metal, s'il existe quelque part. SLAYER finalisait son Farewell Tour, sobrement intitulé The Final Campaign, avec un dernier concert chez lui à Los Angeles au Forum D'Inglewood, ou celui-ci avait enregistré 2 ans plus tôt cet album Live dont nous parlons aujourd'hui. Alors on attendait plus qu'un album enregistré en public, un DVD/BluRay d'exception, rempli de bonus, d'une track-list historique, d'un objet dont on se souviendrait longtemps. Mais désolé, nous ne l'aurons pas vraiment, en tout cas pas tout de suite, car ce qu'il propose est simplement le minimum syndical, et pas grand chose d'autre...
On nous avait teasé un film d'exception en ouverture, 'The Repentless Killogy', on a droit à un court-métrage sanglant de 40 minutes, sans aucun sous-titre disponible, produit par Araya & King, qui ne sert qu'à faire la promo des 3 derniers clip-video du groupe ( "Repentless", "You Against You" & "Pride In Prejudice" ), ou on retrouve un Danny Trejo venu chercher son cachet, et pas grand chose d'autre. Heureusement pour nous, ces trop longues minutes d'un film certes Gore mais aussi intéressant que le 'Through The Never' de Metallica s'enchaînent avec un concert qui relève le niveau certes, mais à mon sens absolument pas digne d'une fin de carrière. Le set de 1h30 et 21 morceaux nous montre un SLAYER toujours convainquant, un public aussi survolté que l'on peut l'imaginer, mais bordel on a simplement un concert de plus de la tournée 'Repentless', donc avec beaucoup trop de morceaux de celui-ci ( ou sont les "Black Magic", "Die By The Sword", "Jesus Saves" et autres "Spirit In Black" ? ), ou alors aurait-il été judicieux de patienter pour avoir en vidéo CE fameux dernier concert qui a eu lieu il y a quelques jours ?
Au niveau du format BluRay, rien de vraiment significatif à signaler par rapport au DVD je pense, car là aussi rien de vraiment exceptionnel. Une image propre et sans fioriture, un concert filmé de manière très pro par l'inévitable Wayne Isham, mais une seule piste-son en PCM 2.0... Oui, on est sur un format vidéo assez récent, mais on nous file du stéréo et rien d'autre. Quant aux bonus, vous ne vous en rendrez compte qu'en allant dans le chapitrage/Tracklist du BluRay avec un story-board animé de 7 minutes, 'Repentless Animation', et c'est tout !
Alors certains pourraient me trouver dur, mais bordel on est loin du plan initial. On nous avait promis tout un tas de choses, mais qu'avons-nous au final ? Un concert parmi d'autres, ou on passe un bon moment, mais rien de plus... ( mention spéciale à Gary Holt avec son T-shirt "Kill a Kardashian, Save Heavy-Metal Culture" ) Un court-métrage saignant certes, mais est-ce tout ce que le groupe avait à nous proposer pour mettre un point final à sa carrière ? Film d'ailleurs indissociable du concert, alors qu'il auraient dû avoir chacun leur menu. Et au niveau bonus, alors que l'on en trouve des tas sur Youtube par exemple, SLAYER n'aurait-il pas pu profiter de ce moment pour proposer à ses fans une anthologie digne de ce nom avec toutes les images d'archives qu'il doit posséder, ainsi qu'un Tribute en la mémoire de l'Ange de la Mort, Jeff Hanneman, lui qui est à l'origine de la plupart des hymnes du groupe Californien ?
D'un autre côté, quand on entend l'agent du groupe, Rick Sales, nous expliquer que ce n'est pas fondamentalement la fin du groupe, que devons-nous en déduire de la part d'un combo aussi intègre que SLAYER ?