22 Mai 2009
Il faut bien l’avouer : le dernier album de The ARRS poutre méchant. Méchamment beaucoup même. On avait déjà senti une différence technique et au niveau de la prod’ entre 'Et la douleur est la même' et 'Trinité' était mais là, c’est encore un cran au-dessus. Le studio-report avait fait pressentir un truc énorme arriver. Mais il ne s'agissait alors que d'un rough-mix, tout pouvait donc évoluer, en bien, ou en mal. Force est de constater que c’est le bon côté qui a été choisit. Pour notre plus grande satisfaction.
The ARRS c'est à la base du métal sacrément remonté, plutôt axé sur le thrash, avec une bonne dose de hardcore, sans oublier un chanteur (Nico) impressionnant. C'est également un des groupes de scène les plus redoutables ayant émergé ces dernières années dans la scène française. Mais on disait du groupe que c’était plus un groupe «de scène», ici le groupe prouve qu’il sait aussi être excellent sur disque. Merci monsieur Francis Caste. Le producteur dont il est question ici a façonné un son complètement invraisemblable où les guitares tranchent comme des rasoirs, ou tout est massif et pourtant limpide, où la puissance du chant scotche au mur et où la basse réussit même à exister. Tout est carré au possible, calculé au micropoil sans jamais être clinique, magique. Le tout avec un goût pour la vélocité sacrément prononcé. On a juste le temps d’apprécier la somptueuse intro de cordes que "Cannibale" arrive et que la déferlante s'abat.
On reconnait directement la patte de The ARRS. Ce grâce aux gratteux Pierre et Paskual qui ont su forger en trois albums un type de riff extrêmement typé qu'on ne peut confondre avec aucun autre. Ces riffs de thrash moderne à l'unisson sur lesquels viennent se poser les hurlements aigus de Nico, dont le coffre laisse sur le cul tant il semble pouvoir tenir ses hurlements à l'infini, sont une sacré signature. "Nihil est in homine" va faire de gros dégâts dans le pit : la pêche des premières mesures, la violence du passage en latin et le côté The ARRS inimitable des couplets auraient suffit à faire un tube, mais le refrain achève de tout casser. Le groupe semble vouloir taper un peu plus fort à chaque plan.
L'introduction de voix claires en anglais plus fréquemment (on se rappelle sur le premier album de "Aussi Loin Que Le Regards Des Anges") aurait pu être casse-gueule mais le groupe a eu l'intelligence de ne pas en abuser. Aux antipodes des refrains metalcore chantés qui sont devenu un gimmick, les incursions de chant sont ponctuelles, courtes et nullement récurrentes. Elle apportent une respiration ça et là, sans jamais briser le flot des morceaux. Au rayon nouveautés on évoquera aussi les breaks de death mélodique lumineux de "Ma Miséricorde", les passages où Nico troque ses beuglements aigu contre un growl death caverneux, les guitares ultra-mélodiques de l'intro de "Seul contre tous" ou encore les chœurs lancinants de celle de "Le ciel des uns est l'enfer des autres". Les parties hardcore sont tout aussi réussies, on est vraiment comblés sur tous les plans. Le disque n'échappe pas non plus au léger passage à vide, et la puissance ahurissante des trois premiers titres contraste avec un "Vengeance" qui n'a que son beatdown de réellement mémorable. Mais si les titres les plus faibles ressortent ce n'est pas parce qu'ils sont mauvais, c'est parce que les meilleurs sont vraiment d'une qualité rare.
En clair : une poignée de titres carrément monstrueux, d'autres qui ne sont que bons, une constante déferlante de puissance et une exécution irréprochable. Ce n'est pas encore le 'Burn My Eyes' du groupe, ni une œuvre absolue qui restera dans les annales... mais c'est clairement une bombe !