3 Mai 2008
Voila donc le tant attendu successeur de 'Kingdom', 'Cataract'.
Le titre de l'album n'est d'ailleurs pas choisi au hasard. La plupart du temps, quand un groupe sort un album éponyme, qui n'est pas son premier, c'est pour deux raisons : un retour aux sources, ou tout simplement un renouveau du groupe. Ici on va franchement pouvoir dire qu'on est en présence des deux. D'abord parce que le groupe a équilibré la balance du style employé ici. Si le Hardcore prédominait dans 'With Triumph Comes Loss', et que le Thrash était à l'honneur dans 'Kingdom' (ah ce "Denial Of Life" aux relents Slayeriens !), ici le groupe a véritablement su tirer des enseignements de ce qu'il avait jusqu'alors accompli, et donc d'équilibrer le tout. Et c'est là qu'on peut parler de renouveau du groupe. Pour ses dix ans (ça se fête !) le groupe apparaît comme gonflé à bloc, et semble avoir trouvé définitivement son style. Le premier mot qui vient à l'esprit à l'écoute de la dernière création de CATARACT, c'est : Waouh ! (Traduisez : énorme !).
Le morceau introduisant l'album ne permet pas vraiment d'en douter : ça va faire très mal ! Aussi bien le sample horrifiant, que le riff d'intro d'ailleurs, suivi de prêt par la batterie. Et le reste de l'album est du même acabit : dévastateur. Que de chemin parcourue depuis leur premier ouvrage sous label, 'Golem' !
Certes, la production impressionnante de Tue Madsen, qu'on ne nomme plus tellement ces contributions sont légions (Dark Tranquility, Mnemic, The Haunted, Hatesphere ou encore Aborted et tant d'autres) participe grandement au son dévastateur de l'album. Mais s'il n'y avait que ça....Il y a le groupe !
En effet, on a pu remarquer que depuis trois albums maintenant ('With Triumph Comes Loss' en 2004, 'Kingdom' en 2006, et ce p'tit dernier en 2008), CATARACT enregistre au même studio et avec le même producteur, respectivement au Studio Antfarm au Danemark et avec Tue Madsen. Mais pour trouver la raison de se gain de puissance, il faut chercher ailleurs. Ce qui provoque cette impression de puissance sonore, c'est réellement les compositions du groupe.
Il y a toujours eu une composition typée chez le groupe Helvète, mais ici on sent que celui-ci a dépassé les limites de son propre style. A commencer par les mélodies (oui oui, il y en a !),comme sur ce 'Blackest Hour' par exemple (qui rappelle d'ailleurs un peu le magnifique 'IV : Constitution Of Treason' de God Forbid), on ressent ce sentiment du groupe de vouloir installer une ambiance dans ses morceaux, et de la propager tout le long de l'album.
Et on peut dire que ce souhait est en grande partie accompli. Jamais album de CATARACT n'avait été aussi cohérent dans son ensemble. J'entends par là que ce n'est plus un album comme on en voit tellement dans le Thrash-Core et les styles "rentre-dedans", avec une succession de morceaux sans grand rapport entre eux. Non, ici, nous avons une véritable ligne conductrice, avec soit des morceaux de transition ("Tonight We Dine In Hell") ; soit un titre plus calme suivit par un autre agressif et lourd (comme l'alliance "Blackest Hour" / "Snake Skin").
Et même les morceaux en eux même font l'objet d'une attention toute particulière afin d'éviter la rupture de la ligne conductrice. La durée des morceaux dépasse d'ailleurs régulièrement les 4'30 mins (médaille d'or à "Blackest Hour" et ses 6'41 mins !). Sur "Deathwish", bien que le morceau soit en lui même bien agressif, l'introduction du morceau est plus retenue, laissant le soin aux guitares d'installer le riff principal, et donnant à la batterie le rôle du crescendo.
Un autre point à considérer, et c'est d'autant plus visible quand on le compare à 'Kingdom', c'est l'apparition de véritables solos construits (et non plus déstructuré à la Slayer). Ce changement apparaît comme une logique évolution. Une volonté de propager une ambiance et des mélodies impose de composer des solos en conséquence. Le solo de "Blackest Hour", même s'il n'est pas très long et impressionnant techniquement parlant, est superbe. Celui de "Deathwish" également, plus long et plus technique (bon certes on est encore loin d'un solo de Dragonforce !). On peut également féliciter le jeu de batterie de Ricky Dürst bien plus diversifié (les mid-tempos que sont "Choke Down" et "In Ashes" font merveille), et un Greg Mäder derrière le micro vraiment au top. Du groove Hardcore, des mosh-parts qui nous donnent envie d'être dans le pit, et du blast bien senti pour headbanger bien comme il faut. On ne s'ennuie pas une seconde à l'écoute des dix morceaux de ce disque, et il parait peu probable que ce ne soit pas le cas en concert. Vivement !
A souligner le second disque contenant onze reprises de groupes aux styles bien variés. De Sepultura à Madball en passant par Obituary et Motley Crue (et ouais !), ce disque bonus en plus de faire office de cadeau d'anniversaire pour les dix ans du groupe et de présentation de quelques unes des influences majeures du groupe (Slayer, Madball, Pantera, Agnostic Front), permet d'apprécier l'excellent travail de CATARACT quand il s'agit de jouer des morceaux d'autres groupes avec leur propre patte. Que du bon !