24 Juillet 2008
ABORTED surprend... Et divise. Depuis déjà deux albums, on avait eu chez le groupe de Sven un virage plus Death-mélodique. Savoir si ce virage était une volonté de s'ouvrir à d'autres horizons musicaux, où une simple manoeuvre commerciale, ce n'est pas vraiment notre souci ici. Après tout, tellement de groupes se sont vus traité de vendus quand ils ont décidé de changer leur musique. Bon 'Strychnine 213' ne sera pas un aussi gros changement stylistique pour ABORTED que fut le Black Album pour Metallica. Mais il ne va clairement pas faire l'unanimité parmi les fans.
Le nom de l'album mérite explication. La strychnine est un poison lent, tandis que le chiffre 213 correspond au numéro de la porte d'hôtel d'un tueur en série américain qui consommait ce poison.
Le dernier rejeton reste du ABORTED pur jus. Toutefois c'est l'aspect lisse qui frappe l'auditeur. Folie contrôlée pour ABORTED en somme.
Des solos plus mélodiques de BST au chant bien moins guttural de Sven, qui alterne désormais bien plus souvent vers l'hurlé que par le passé, on sent bien que le groupe a bel et bien tourné une page. Fini les blasts à tout va de 'Goremageddon' et l'aspect Brutal-Death crade de la formation belge (quoique à part Sven, il n'y a plus de représentant bataves). On trouve également des passages de guitares acoustiques, comme celui qui clôt l'album.
L'aspect du groupe qui reste toujours présent ici, c'est bien le groove. Et les bons breaks Death, comme celui de "The chyme congeries". Les blasts sont également de la partie, malgré le jeune âge de Dan Wilding, le nouveau batteur de la formation, qui assure d'après ce que j'en ai vu à leur concert au Neurotic DeathFest 2008.
Non ce qui frustre, c'est ce sentiment de déjà vu. Une production très proche de celle de 'Slaughter And Apparatus : A Methodical Overture', même structure des compositions, et le quasi même constat : 'Strychnine.213' lasse sur la durée.
Pour ceux qui comme moi préfèrent la période plus Brutal Death bien sale des premiers albums, celui ci est clairement indigeste, et même après plusieurs écoutes, malgré ses courtes 37 minutes, l'album fatigue auditivement.
Tout comme le dernier album de Cryptopsy, 'Strychnine.213' va diviser les fans d'ABORTED. Que ceux qui ont aimés le précédent ne se fassent pas trop de soucis, ils ne seront pas dérouté. Pour les autres, la déception sera bien grande. S'il reste l'un des fers de lance du Brutal Death européen, la bande à Sven va continuer de diviser sa communauté de fans.
A mon avis, bien plus que l'aspect froid et lisse de 'Strychnine.213', c'est cette absence de folie qui rend le tout indigeste, car malgré l'alternance de riffs complexes et denses, il manque quelque chose pour les inter-relier. Ce petit truc qui rend par exemple un album de Benighted impressionnant.
Même si à n'en pas douter le dernier opus d'ABORTED connaîtra un succès semblable à 'Slaughter And Apparatus : A Methodical Overture', et s'il remplit son objectif d'album de Brutal-Death efficace, on reste sur sa faim et le sentiment que le groupe aurait pu faire mieux. Bien mieux !