10 Juillet 2011
Pas facile de voler de ses propres ailes, serais-je tenter de dire pour commencer cette chronique du second album de SARAH JEZEBEL DEVA. Certes, la demoiselle a un curriculum-vitae long comme le bras, mais cela suffit-il comme expérience pour se lancer dans une carrière perso ?
Oui dans un sens pourrait-on dire, car notre anglaise a participé à une tripotée d'albums, plus d'une trentaine si l'on fait les comptes, parmi lesquels on pourrait citer The Kovenant, Therion et bien évidemment Cradle Of Filth avec qui elle a collaboré pendant des années, et plus précisément de 1996 à 2008. Alors forcément, au bout d'un moment, on peut comprendre qu'elle en ait eu marre de jouer les chanteuses de l'ombre et qu'elle décide à son tour de saisir sa chance... Certes SARAH JEZEBEL DEVA avait déjà eu un avant-gout de la chose en 2006 avec la sortie du premier album de Angtoria 'God Has a Plan for Us All', plutôt bien acueilli par la presse d'ailleurs et dont on attend encore la suite. Mais c'est bien l'an passé avec la sortie de son premier album solo 'A Sign Of Sublime' que la miss semble avoir saisi son envol, même si la presse spécialisée l'avait trouvé mi-figue/mi-raisin. Et quoi de mieux pour faire parler de soi qu'une polémique bien sentie, peu de temps avant la sortie d'un album ?
La recette est connue, et il faut bien avouer que sur ce coup-là, ça a plutôt bien fonctionné avec cette pochette déroutante voire malsaine qui a traîné sur le net. Certains y ont vu un coup marketing génial tandis que d'autres y ont aperçu l'arbre qui cache la foret, soit dit plus clairement un buzz inutile pour un album de plus... Alors qu'en est-il finalement de ce 'The Corruption Of Mercy' ?
Et bien personnellement, je dois bien avouer que je reste finalement sur le doute et surtout perplexe. Si de bonnes choses sortent de ce second effort, on ne peut ignorer que ce qu'on nous propose ici est un disque de Metal Symphonique assez inégal, ou le meilleur côtoie le passable, sans que l'on ne comprenne vraiment pourquoi.
Quelles sont d'abord les raisons de foutre en plein milieu de l'album l'instrumental "What Lays Before You", qui aurait eu selon moi bien plus sa place en intro, histoire de poser des bases solides avant le nerveux et très Black Sympho "No Paragon Of Vertue", qui reste une des bonnes surprises de ce disque. Et en terme positif, on ne peut s'empêcher de citer "The World Won't Hold Your Hand", l'exemple même du morceau pas spécialement inventif mais diablement efficace avec notamment ce riff entêtant et ce chant tout en puissance qui apporte l'adhésion, sans oublier cette ambiance toute symphonique que n'aurait pas renié Dimmu Borgir ou Cradle Of Filth. Dans les bonnes choses, on trouve également "A Matter Of Convenience", un titre mid-tempo ou les variations dans le chant de SARAH font de ce morceau une véritable réussite du genre. Mais malheureusement, tout n'est parfait dans ce bas monde, et quelques fautes de goût semblent vouloir gâcher la fête comme ce "Silence Please", qui partait plutôt bien avec une ambiance malsaine, mais qui avec ses errances et ses longueurs nous plongent dans un ennui profond. Et que dire de la reprise assez morne du hit incontournable des Cranberries qu'est "Zombie", qui ici perd tout son attrait notamment à cause du chant d'une SARAH JEZEBEL DEVA qui ne semble pas y croire une seconde. Dans les déceptions, on pourrait aussi inclure la pseudo-ballade piano/chant "Pretty With Effects", pas spécialement mauvaise, mais qui n'a selon moi pas sa place ici, tout comme le très douteux et moyen "Sirens" que la chanteuse n'arrive pas à sortir du bourbier dans lequel elle s'est empêtrée... Alors finalement que penser de 'The Corruption Of Mercy' ?
Eh bien, comme je le disais plus haut, il en ressort de bonnes choses, mais quelques bons morceaux ne font pas spécialement un bon album, et c'est bien le problème de ce disque, car on a la malheureuse impression que la chanteuse a essayé de contenter tout aussi bien les fans de Metal Symphonique que ceux préférant le Gothique, et on ressort convaincu que si elle avait insisté sur le premier comme elle le prouve sur les trois premières pistes, on aurait eu droit peut-être pas à un disque indispensable mais en tout cas plaisant à approfondir. Dommage !