VARSOVIE: Coups et Blessures (2018) Dark-Rock/Post-Punk

Sundust Records

 

 

Quel drôle de nom pour un groupe Français, me suis-je dit en recevant cet album. Et puis j'ai fini par comprendre que l'histoire de la capitale Polonaise était un symbole, celui du soulèvement armé du peuple face à l'occupant Nazi en 1944... Le ton est donné !

VARSOVIE est avant tout l'histoire d'un duo, qui a fait ses premières armes dans un registre bien plus extrême, puisqu'il œuvrait dans un groupe de Black-Metal Avant-Gardiste, Forbidden Site, pendant une décennie ( 1993/2003 ). Nos garçons, forts de leurs expériences, ont sans doute voulu explorer de nouveaux horizons musicaux, et ont quasiment dans la foulée, formé VARSOVIE en 2004. Ne ménageant pas ses efforts, le groupe basé sur un trio basique guitare/basse/batterie, semble avoir malgré tout un mal fou à garder un bassiste dans la formation, Guillaume Tesi, que l'on retrouve sur ce troisième album, est le quatrième en quatre ans... 

Je dois bien vous avouer, que comme tout metalleux qui se respecte, je ne m'intéresse que très peu à ce qui se passe en dehors de cet univers musical, déjà si riche et si prenant. Malgré tout, je reste plutôt curieux de nouvelles expériences, notamment dans ce qu'on appelle le Rock alternatif, qui regroupe tout un tas de genres qui n'ont finalement que peu de rapport les uns avec les autres parfois. Les membres de VARSOVIE semblent définir leur style musical comme étant du Dark-Rock, ce qui est d'ailleurs assez juste, puisque la mélancolie, la froideur et les ténèbres semblent être les thèmes de prédilection de Gregory Cathérina et Arnault Destal. Le Rock flegmatique et chirurgical de VARSOVIE m'a dès la première écoute rappelé un groupe et un style musical particulier, Joy Division et le Post-Punk des années 80, une sorte de retour dans le temps, en quelque sorte. Pour ceux qui sont trop jeunes, sachez que ce qu'on appelle de nos jours le Gothique, nous vient originellement du Punk de 1976, mouvement musical qui ne devait son existence qu'à l'état d'urgence de l'Angleterre de l'époque. Et celui qui fît la transition jusqu'aux années 80 et la création de styles majeurs comme le Rock Gothique et la New-Wave, n'est autre que le groupe de l'étoile filante Ian Curtis, l'Ange ténébreux de Joy Division, qui créa un genre hybride, le Post-Punk. Le rapport avec nos français est flagrant, puisque celui-ci avait choisi comme patronyme, Warsaw à ses débuts en 1977...

Enregistré aux studios Drudenhaus de Nantes avec Benoît Roux aux manettes ( Alcest, Tagada Jones et le prochain Sylvaine ), 'Coups et Blessures' m'a réconcilié comme jamais avec ce qu'on appelle avec une certaine vulgarisation, le Rock Indépendant. Batterie qui claque comme un coup de fouet, basse froide, guitares lancinantes et chant désespéré, ainsi déboule "Coups et Blessures" qui ouvre les hostilités et vous emmène dans l'univers misanthropique de VARSOVIE et son spleen magnifique. "Revers de l'Aube" lui, m'a aussitôt rappelé un grand nom du Rock Français, Noir Desir, celui des débuts, notamment avec ce phrasé de Gregory Cathérina, finalement assez proche de celui de Bertrand Cantat, même si musicalement on se retrouve beaucoup plus dans l'urgence avec un jeu nerveux et des riffs enflammés, totalement Post-Punk dans l'esprit. Mais VARSOVIE a son propre style, certes empli d'influences que l'on décèle au fil des écoutes, comme ce sublime "Va Dire à Sparte", ou les émotions s'enchaînent et s'entre-choquent, entre la dépression malsaine et l'anarchie la plus martiale. Comment résister également aux guitares nerveuses et inspirées de "Killing Anna", qui donnent indubitablement envie de taper du pied, à l'hypnotique "Le Lac" qui déroule le suicide comme thème de prédilection dans un Rock sombre et lugubre à souhait, oû les mots atteignent leur but, certes dans une certaine douleur voire une souffrance, comme peut l'être la vie parfois...

Alors je pense que vous aurez compris que j'ai aimé 'Coups et Blessures', et par la même occasion découvert un groupe, VARSOVIE, qui m'a réconcilié avec, ce qu'on va appeler, le Rock hexagonal. Il est évident également qu'ici on n'a pas entre les mains un produit aseptisé, un consommable pour les masses, mais un véritable album de Post-Punk rageux, parfois aux atmosphères éthérées et mélancoliques, aux textes en français et à l'ambiance sulfureuse. Que demander de plus ?

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