1 Mai 2007
La renaissance... Voilà quelque chose que bien peu de groupes ont réussi à faire. Certains ont essayé, beaucoup se sont cassés les dents avec un concept foireux (Metallica avec son 'St Anger' notamment...) tandis que d'autres y sont pratiquement arrivé sans convaincre complètement (Slayer et son retour aux sources avec Lombardo et son 'Christ Illusion'). Car combien de groupes peuvent se vanter n'avoir jamais connu de passage à vide, en sortant des albums plats ou plus en phase avec leur époque ?
S'il y en a un qui doit avoir des choses à dire à ce sujet, c'est bien un certain Robb Flynn qui aurait un avis tranché sur la question, je pense... D'autant plus que le bonhomme a toujours eu la réputation de donner son avis sans se soucier des conséquences. Arrivé en 1994 avec un 'Burn My Eyes', qui allait révolutionner à jamais le petit monde du Power/Thrash-Metal, MACHINE HEAD groupe désormais culte après un seul album, finira par se prendre plus ou moins les pieds dans le tapis par la suite, en empruntant une direction musicale surprenante, en nous faisant du Neo-Metal à sa façon. Même si on pouvait trouver à 'The Burning Red' un certain charme, c'est avec 'SuperCharger' que les chose vont se gâter, d'une part parce qu'il faut bien avouer que ce disque n'était pas bon, et que de l'autre le label du groupe, RoadRunner Records, finira par lâcher son poulain... L'ami Robb connaîtra donc une forte période de doute, mais comme l'homme n'est pas du genre à baisser les bras, celui-ci se remettra au boulot et fera par la même occasion renaître MACHINE HEAD de la plus belle manière avec un 'Through The Ashes Of Empire' bien senti, obligeant plus ou moins son ex-label à lui faire les yeux doux, en le signant de nouveau...
Fort de ce nouveau départ, le leader charismatique, toujours secondé par ses fidèles lieutenants, Adam Deuce & Dave Mc Clain, finira par embaucher rien que moins que son vieux pote Phil Demmel, avec qui il avait formé le désormais culte Vio-Lence, et annoncer à qui voulait bien l'entendre que l'album suivant serait l'album le plus heavy et le plus ambitieux jamais conçu...
Nous voici donc avec 'The Blackening', sixième album du groupe, produit par Robb en personne, et secondé derrière les manettes par Colin Richarson, fidèle ami du groupe et producteur émérite qu'on ne présente plus... "Clenching The Fist Of Dissent" ouvre le bal avec une intro toute en douceur, avant de déclencher les hostilités avec une rythmique Thrash aux multiples plans comme on n'en fait plus depuis des lustres, et un Flynn très remonté qui hurle sa rage à n'en plus finir, sans compter ses solis complètement allumés de l'ami Demmel, bien à l'aise dans cette violence sonore, pour un morceau qui dépasse allègrement les 10 minutes, et on redemande... Ça tombe bien justement, parce que ce n'est pas avec "Beautiful Morning" que les choses vont se calmer, avec notamment un "Fuck You All" en intro, qui devrait faire son effet en live ! Une chose est sûre cependant, l'apport de Phil Demmel a été décisif car on n'a jamais entendu MACHINE HEAD jouer comme ça depuis un certain 'Burn My Eyes'... Les compositions sont inspirées, les riffs la plupart du temps violent et brutaux, ce qui n'empêche pas le groupe de varier les plaisirs, avec notamment des passages plus intimistes en voix claires de Robb Flynn & Adam Deuce, qui devraient faire leur petit effet.
"How I Lay Thee Down" est sans aucun doute le morceau le plus calme de l'album de par ses ambiances, et il n'est pas sans nous rappeler un certain "None But My Own", si vous voyez ce que je veux dire... Morceau alambiqué de plans tous plus hallucinants les uns que les autres, ou les solos fortement influencés par l'école Maidennienne semblent venir d'une autre époque, on sent que le groupe californien veut revenir à un style musical beaucoup plus sombre, mais aussi incorporer des passages progressifs qui ont de la gueule, même si une piste comme "Slanderous" est un pur moment de sauvagerie sans concession. Mais bizarrement, c'est dans les morceaux dépassants largement les 9 minutes, comme les 3 derniers que sont "Halo", "Wolves" & "Farewell To Arms", que MACHINE HEAD semble le plus à l'aise, peut-être dû au fait que le groupe a pu y incorporer tout ce qu'il avait envie de faire, alternant rythmiques thrash, emmené par un Dave Mc Clain méconnaissable avec sa frappe monstrueuse, duels de guitares qui n'ont jamais été aussi inspirés, et un chant plus juste que jamais de Robb Flynn, impérial en tout point.
Alors certes, voilà un disque difficile à assimiler, qu'il vous faudra prendre le temps d'écouter longuement pour en apprécier toutes les subtilités, même si on affaire-là à l'album le plus violent de la carrière de MACHINE HEAD... 'The Blackening' ne fait pas partie des ces produits prêts à la consommation et vite oubliés, mais bien un disque qui devrait marquer son temps, qu'on se le dise !