PESTILENCE: Doctrine (2011) Death-Metal

 

Mascot Records

 

 

Ahhhh, PESTILENCE!

Un nom qui résonne dans la mémoire collective des Metalleux ! D'une part par leur importance majeure sur la scène Death à la fin des années 80 et sur la première moitié des années 90, de l'autre pour la banalité de leur carrière.

Je m'explique : nombreux sont les groupes de Death qui, dans les années 90, ont eu le tort ( commercial ) d'essayer de se renouveler et de sortir des sentiers battus. Tout comme Morgoth avec son justement intitulé 'Feel Sorry for the Fanatics' par exemple, PESTILENCE a payé un lourd tribut en sortant en 1993 le pourtant magistral 'Spheres', subtil Techno-Death agrémenté de guitares-midi et imprégné d'un feeling jazzy omniprésent. Véritable fiasco commercial car boudé et incompris des fans, cet album sera le chant du cygne du groupe. Pourtant, comme bien d'autres, c'est à titre posthume que cet album sera redécouvert et apprécié, pour enfin obtenir de la part de nombreux internautes le statut d'album «culte». Schéma classique : quelques années plus tard, à la demande générale et re-boosté par un nouveau public, le groupe se reforme.

Seule différence notable ( et purement subjective ); là où bon nombre de reformations sont synonymes de disques et de prestations scèniques de piètre qualité pour finalement repartir bien plus vite qu'ils ne sont revenus ( citons par exemple AngelCorpse ); PESTILENCE m'avait marqué en 2009 par un retour non pas flamboyant mais très honnête.

'Resurrection Macabre' proposait un Death plutôt old-school avec un chant métamorphosé extrêmement grave en comparaison avec le ton criard des précédents albums; prenant à contre-pied bon nombres de fans espérant retrouver une continuité avec 'Spheres'. Blindé de bons riffs dont Mameli a le secret et entouré par un line-up de haute volée; ce come-back pouvait être considéré comme honorable. Aujourd'hui le groupe souhaite visiblement enfoncer le clou en montrant qu'il est de nouveau bien ancré dans le paysage du Death-Metal et prêt à en démordre avec la concurrence...

 L'album démarre avec une intro vaguement incantatoire ( original, n'est ce pas ? ) puis enchaîne sur le premier vrai morceau nommé "Amgod". Premier constat assez frappant; le titre commence avec du blast sur un riff en mid-tempo, mais le tout manque vraiment de pêche. S'ensuit la première éructation de Mameli, et là : surprise ! Adios le growl du précédent album, re-bonjour le chant criard des premières heures. De quoi faire plaisir aux nostalgiques de l'ancien PESTILENCE, me direz-vous. Mauvaise pioche, le cri d'ouverture de ce premier titre ressemblant davantage à celui d'un mec qui se casse la gueule d'un escalier plutôt qu'au «chant» éraillé d'hier. Si cette entrée en matière a irrémédiablement provoqué mon sourire, je ne peux décemment pas cracher sur la qualité du chant dans sa globalité. Notre ami n'a peut-être plus la même acidité dans son timbre de voix mais il s'en sort tout de même bien.

Dans les points positifs, le line-up est comme toujours excellent. La section rythmique est au top; certaines parties sont assez (voire très) complexes; les riffs toujours intelligibles et il ne fait aucun doute que PESTILENCE garde une identité qui lui est propre. Il se dégage sur certains titres cette espèce d'aura «tordue» caractérisant si bien le groupe ainsi que quelques incartades au feeling un peu jazzy ( "Salvation" ). Notons également que la ronflante basse est bien mise en avant dans le mix. Niveau chant, on revient donc sur du chant majoritairement aigu, avec même quelques cris rappelant le Tom Araya des débuts ( "Divinity", "Sinister" ). Pêle-mêle, 'Doctrine' possède son lot de bons titres : à vrai dire il n'y a proprement rien à jeter; le problème réside dans le constat que ces derniers se ressemblent tous plus ou moins.

On en arrive donc aux points négatifs. Le premier et le principal est donc, comme évoqué précédemment, cette agaçante constance dans les structures. Toutes calquées sur le même schéma que l'on devine en filigrane à chaque instant; passé un titre vous serez en mesure d'anticiper le reste : pont, break, solo, refrain... Risible, Patrick Mameli a prit la vilaine habitude d'annoncer le titre du morceau dès l'arrivée du premier riff de chaque morceau ( ce qu'il faisait déjà sur 'Resurrection Macabre' ). Pour faire old-school ? Parce qu'il pense que ses auditeurs sont illettrés ? Parce qu'il a lui-même conscience de la redondance de ses compositions et qu'il n'a trouvé que ce moyen pour faire en sorte que les gens retiennent les titres ? Risible, je le répète. Risible et nuisible de surcroît.

Les riffs ne brillent pas non plus par leur grande audace. Même si PESTILENCE demeure reconnaissable dès les premières notes par tout ce qui le caractérise, dont cette faculté à proposer des mélodies simples mais efficaces; 'Doctrine' fait figure d'album composé à la va-vite. Comme si absolument toutes les idées qui avaient été proposées lors de la composition de l'album avaient été gardées, sans aucune distinction d'ordre qualitatif. Orienté sur le mid-tempo, l'album n'est pas véritablement brutal, ni particulièrement percutant.

Niveau production, c'est bien en-deça du précédent en terme de puissance globale. Les guitares restent graves ( et rappellent parfois un peu le son de 'Divine Heresy' ) mais bizarrement cela altère parfois l'impact que pourraient avoir certaines compositions. Le son reste clair au demeurant, mais pas très imposant.

A choisir parmi les deux derniers albums du groupe, j'ai largement préféré 'Resurrection Macabre' à 'Doctrine'. L'originalité n'a été le maître-mot sur aucune de ces deux productions, mais le sentiment d'avoir entre les oreilles un album un peu bâclé n'était pas aussi forte sur le premier. Ajoutez à cela cette démarche qui consiste à ré-adopter un chant qui avait été écarté ( à tort ou à raison ) ces dernières années; laissant planer le doute d'un appel du pied maladroit aux fans de la première heure et vous ressortez de l'écoute ni contrarié, ni dégoûté; juste un peu déçu et interrogatif quant à l'avenir du groupe.

Pas la peine de s'attarder davantage sur cet album qui aurait pu être bon si plus varié. Retenez 4 ou 5 morceaux et préférez le reste de leur discographie.

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