19 Août 2019
On le sait tous, en musique il existe une sélection naturelle, comme dans bien d'autres domaines ou seuls les plus forts survivent. Et s'il y a un groupe qui doit connaître le sujet, c'est bien KILLSWITCH ENGAGE. Aujourd'hui vétéran respecté qui fête ses 20 ans d'existence, précurseur du Metalcore moderne dans les années 2000, ce groupe a tout connu. Il a appris la patience, car quand celui-ci a vu le jour dans le Massachusetts en 1999, la mode était bien autre, puisque l'on était en pleine effervescence du Neo-Metal. Il a connu la reconnaissance de ses pairs, un succès phénoménal en 2004 avec l'album 'The End Of Heartache', on l'a cru fini en 2012 quand Howard Jones a quitté le navire, mais tel le phénix renaissant de ses cendres, le combo natif de Westfield a su faire taire ses détracteurs en faisant revenir dans ses rangs son chanteur originel, Jesse Leach, tombé dans les méandres de l'oubli depuis son départ du groupe en 2001... Mais comme un malheur n'arrive jamais seul, le vocaliste a dû stopper les sessions d'enregistrement en 2017 pour se faire opérer des cordes vocales, sous peine de perdre sa voix à tout jamais. Il s'en est suivi une rééducation ou Leach a dû ré-apprendre à parler et à chanter de nouveau, et surement à surmonter ses peurs car l'homme n'est pas réputé pour ménager ses efforts dans le domaine !
Nous sommes rassurés sur l'état des cordes vocales du chanteur dès les premières secondes, car l'album démarre sur un "Unleashed" tonitruant, avec un bon growl des familles et un premier couplet ou on retrouve l'ADN de KILLSWITCH ENGAGE, cette dualité chant clair/chant hurlé, ces riffs mélodiques toujours aussi inspirés de la scène Suédoise de Göteborg, et ces breakdowns mémorables. Même si l'on est content de retrouver un groupe en pleine possession de ses moyens, on ne peut nier une seule seconde que KILLSWITCH ENGAGE, dès ce premier morceau, reste dans une sorte de zone de confort, déroulant une recette maintes fois éprouvée, mais qui ne surprendra personne, et c'est peut-être ça le problème majeur de ce nouvel album, 'Atonement'. Malgré tout, comme un plaisir coupable, ce huitième album est un vrai moment de bonheur, d'autant plus qu'il propose quelques surprises de taille...
En effet, dès la seconde piste, avec "The Signal Fire", titre rapide bourré aux hormones de croissance, on se retrouve face à un véritable duel de vocalises puisque Jesse Leach se la joue battle avec Howard Jones, qui lui avait subtilisé le micro pendant 9 ans dans le groupe, avant de partir à l'amiable et permettre ainsi à son prédécesseur de le reprendre finalement ( vous suivez toujours ? ). Mais ce n'est pas tout, car après un riff Thrash très old-school qui n'est pas sans nous rappeler la Bay-Area du milieu des années 80, voilà que débarque rien de moins qu'un certain Chuck Billy sur 'The Crownless King", qui n'aurait pas fait pâle figure sur les dernières productions de Testament... En dehors de ça, on se retrouve avec de très bons morceaux, comme cette excellente power-ballade, "I Am Broken Too", le finalement très mélodique "Us Against The World" et l'excellent "Know Your Enemy", qui avec sa rythmique en béton armé, ses riffs inspirés et ses growls burnés, nous rappellent que le Metalcore est avant tout le fils spirituel du Hardcore et du Thrash-Metal d'antan !
Alors est-ce que je conseillerais 'Atonement' ? Oui, sans aucun doute, mais avec quelques réserves, simplement parce que le groupe nous offre un album très pro, très propre, mais finalement trop prévisible. Comme exemple, je citerais "As Sure As The Sun Will Rise" ou "Take Control", des titres plutôt plaisants mais entendus mille fois...