BENIGHTED: Asylum Cave (2011) GrindCore

 

Season Of Mist

 

 

 'Asylum Cave' trouve son inspiration dans la sordide affaire autrichienne de Joseph Fritzl qui a séquestré sa fille pendant 24 ans dans la cave insonorisée de sa maison; la violant et lui donnant au passage quelques enfants. Concept ô combien joyeux, illustré par un artwork de toute beauté (enfin on se comprend...).

Dès le titre d'ouverture, c'est le déluge. Rapide, nerveux, enragé, 'Asylum Cave' est d'une brutalité saisissante qui vous met d'office par terre. A l'image du fait divers évoqué plus haut, les premiers titres vous laissent dans l'incapacité d'agir; la déflagration sonore vous cloue sur place.

Forts de leur déjà longue expérience, les mecs de BENIGHTED peuvent se targuer de n'avoir jamais sorti de mauvais album. Ils connaissent parfaitement le créneau Death dans sa globalité, et excellent dans son application. Aujourd'hui il paraît ardu de définir précisément quel est le registre exact du groupe : s'entrecroisent Death-Metal, Brutal-Death, Deathcore, Grind....pour un mélange de la meilleure augure, qu'elle qu'en soit l'étiquette. Les influences sont multiples et l'on trouve des relents de Hate Eternal ( pour la froideur de certains riffs ), de Nasum ( sur "Hostile" notamment ), d' Asesino ( sur "A Quiet Day" ) , de Napalm Death ( sur "Asylum Cave" ) ou encore de Morbid Angel ( sur un break dans le titre "Unborn Infected Children" ).

Pour ce sixième album, les Stéphanois ont été pour le moins inspirés et ne laissent jamais transparaître une «pompe» flagrante d'un quelconque groupe, malgré les références précédentes.

Formation de qualité, BENIGHTED brille par son line-up. Niveau musical, c'est tout simplement du très haut niveau. Le batteur est véloce, extrêmement précis; les guitaristes incisifs ( avec pas mal de solis mélodiques ), le bassiste ( même si un peu noyé dans ce maelström sonore ) enrichit le tout de parties intéressantes. De grands musiciens, clamons-le haut et fort. Julien le chanteur, est toujours remarquable d'aisance sur les nombreux registres vocaux qu'il emploie. Il alterne au moins trois types de chant, dont le bon vieux Growl des familles, le registre plus écorché et bien évidemment le Gruik sur-aigu, marque de fabrique du groupe depuis un bon bout de temps. Le tout utilisé de manière assez équilibré; ces variations sont plaisantes et attirent l'attention de l'auditeur davantage que sur un album de Death lambda.

Concernant la production, elle est tout bonnement excellente. Cristalline et puissante, elle sied parfaitement au genre et rend justice au professionnalisme du groupe. Là où de nombreux groupes se perdent vite dans la bouillie lorsqu'ils s'aventurent dans des parties très rapides; BENIGHTED reste toujours intelligible. A n'importe quel vitesse, aucune partie ne vous semblera confuse : la rythmique restera toujours compréhensible; aucun élément ne viendra envahir plus qu'un autre l'espace sonore. Rien que pour cela, le groupe apporte une crédibilité certaine à son propos; par cela l'écoute en est d'autant plus plaisante. Le seul bémol qui pourrait être émis serait peut-être le son de batterie, un peu froid.

Si 'Asylum Cave' est un très bon album, il n'est pas exempt de défauts. Enfin...il a surtout UN défaut : son trop plein d'idées.

Véritable charnier de riffs, BENIGHTED peut être loué pour sa recherche musicale ainsi que pour sa productivité. Toutefois le groupe, à trop vouloir en mettre, se perd. L'album, bien que varié ( et c'est tout de même un comble de reprocher cela par les temps qui courent... ), déconcerte par ses changements intempestifs de riffs, de changements de rythmes, de breaks, de chants alternés. Passés les premiers titres, l'album accuse un léger coup de mou qui est la résultante d'une indigestion de riffs couplée au manque de personnalité propre aux morceaux. L'ensemble est trop homogène; aucun titre ne retiendra plus l'attention qu'un autre. Difficile exercice que de composer de tels morceaux, complexes et alambiqués; cependant le même calque se dégage tout au long de l'album. J'aurais par exemple aimé retenir des caractéristiques dominantes pour certaines chansons, comme le titre «lent», le titre «complexe», le titre «ultra-brutal»...mais à trop vouloir varier les plaisirs BENIGHTED aborde sur l'intégralité de ses titres tout les plans sus-nommés. Chaque morceau est trop complet dans sa structure et dessert la variété globale de l'album. 

Parmi cet interminable foisonnement d'idées, notons quelques originalités comme le chant en allemand sur "Fritzl", les nombreux solis, ou la présence de scratch ( discutable et dispensable ) sur "Drowning". Point faible de l'album, "A Quiet Day", qui compte la présence du chanteur de Devourment en Guest, est un morceau assez prévisible et clichesque qui lorgne un peu du côté Gore-Grind. Bien évidemment, cet album propose globalement d'excellents titres tels que "The Cold Remains", "Asylum Cave" ou encore "Fritzl''. Il n'y a à proprement parler rien à jeter sur cet album; seulement les titres mémorables ne sont pas légion non plus.

Percutant, violent, complexe et irréprochable quant à son exécution, 'Asylum Cave' reste au-dessus de bien des sorties récentes dans ce créneau musical. Tels des gamins hyperactifs qui se mettraient à la musique, c'est à la fois un condensé de brutalité frénétique et canalisée qui nous est offert ici. Ce nouvel album pêche en l'occurrence par son intention de constamment prendre l'auditeur à contre-pied et de l'asséner d'une interminable succession de riffs et de variations de rythmes à longueur de titres. Triste réflexion, surtout que l'on peut difficilement blâmer le groupe de souhaiter renouveler le genre en apportant autant de bonnes idées.

Avec un tout petit peu plus de concision, leur prochaine galette pourrait devenir une nouvelle référence du Metal extrême français. Dans l'attente, n'hésitez pas à vous jeter sur 'Asylum Cave', qui n'en demeure pas moins un TRES BON album ! 

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