20 Novembre 2010
Rares sont les groupes français s'adonnant à un registre industriel de nos jours. Suite à leur départ du groupe Undercover Slut, les trois membres de PRIME SINISTER ont choisi cependant d'orienter leur démarche vers une approche plus Stoner. Décrit comme du "Motörhead indus", à quoi s'attendre ?
Le groupe précédemment nommé donnant plus dans le Rock'n'Roll que dans le Stoner, j'ai eu un peu de mal à comprendre où se trouvait le point de convergence entre l'appellation et l'influence revendiquée. A ce jour, je reste toujours sceptique quant à la pertinence de cette comparaison, mais chacun est libre de l'apprécier à sa juste valeur.
'Wish Me Hell' est un album d'une assez bonne facture globale, mais sans plus. De beaux efforts et de l'inspiration sont remarquables dans le titre d'ouverture "Write" et l'hypnotisme de son riff; la lourdeur et le groove de "Kaiser Kardinal"; le refrain d' "In My Sight", entre autre.
Si l'on excepte l'inutile reprise du "Money For Nothing" de Dire Straits et la lourdeur ( dans le sens péjoratif du terme cette fois-ci ) de certains titres tels "All In All", l'album se tient plutôt bien ( notamment avec l'intéressant et varié "The Fifth Season" ). Mais surtout, cet album est frustrant.
1-Les compositions sont bien puissantes et sur scène il n'est pas difficile d'imaginer à quel point la baffe doit être violente face à des murs de riffs tels que ceux assénés sur album. Cependant la production est franchement faiblarde, notamment en ce qui concerne la batterie ( ou boîte à rythme, on est en droit de se le demander ).
2-Le chant est très monocorde. Certes, l'indus ne compte pas dans ses rangs d'innombrables ténors et la remarque peut paraître déplacée; “mais le timbre mec bourré un peu forcé” fatigue vite. L'imitation de Lemmy ( ça y est, j'ai trouvé le pourquoi de l'amalgame ! ) est par ailleurs flagrante sur un break de "Fuck You To Death" ( soupir de chroniqueur désabusé... ).
3-Dans l'indus, il y a généralement des samples. A part ceux plus prédominants de "The Hunger", il est bien ardu de trouver ceux disséminés par-ci par-là dans le reste de l'album.
Sur le papier, PRIME SINISTER a eu l'audace de mélanger deux genres que l'on ne verrait pas aisément être mariés. A l'écoute, on se demande si le groupe n'a pas plutôt eu le culot d'accoler ces deux étiquettes pour légitimer un manque de professionnalisme dans l'un des deux genres. Si cette dernière phrase peut paraître sévère, elle est à prendre avec des pincettes car le groupe joue bien ( avec des petits solis bien sentis et de bonnes parties ). Cependant, l'alchimie ne m'a pas emballé plus que ça.
Finalement, 'Wish Me Hell' donne plutôt dans le Stoner martial ou -au choix- l'indus lancinant. Dommage car on sent que l'album aurait pu être incontestablement plus imposant et massif. Avec une production rendant justice à la puissance des compositions et un chant un peu moins caricatural, PRIME SINISTER pourrait franchement devenir un groupe notable de l'hexagone.