IRON MAIDEN: The Final Frontier (2010) Heavy-Metal

EMI Records

 

 

Le Maiden nouveau est arrivé !

Malheureusement cette nouvelle cuvée n'est pas destinée à devenir un millésime; même si l'on ne peut pas honorablement dire qu'il s'agit de piquette.Les années 2000 ont selon moi marqué la carrière du groupe par deux points majeurs qui sont les suivants :

 1- Le retour de Bruce Dickinson et l'excellent 'Brave New World' qui en est l'aboutissement

2-Les albums qui auront suivi, soit médiocres, soit moyens.

Pour sa quinzième récolte, qu'attendre finalement ?

Honnêtement, mes espoirs de redécouvrir un bon album étaient minces et force est d'admettre que l'on stagne ici au niveau "moyen". Avec un tel nom d'album, on songe de prime abord à une invitation au voyage...puis on s'aperçoit qu'il s'agit davantage du trip dominical de 140 bornes ( dans les bouchons ) pour aller voir Tatie Marcelline ( qui pique, en plus ) que de l'envol vers des contrées inconnues.

Tout commence avec une intro longuette ( "Satellite 15", indissociable du titre éponyme de l'album ) qui -même si elle a le mérite d'offrir une sympathique et audacieuse mise en bouche ( surtout la ligne de basse en ouverture ) - s'avère un peu pompeuse. S'ensuit donc "The Final Frontier", plutôt sympathique avec un refrain bien catchy comme le groupe sait en pondre : l'on reste pour l'instant en territoire connu, qu'il s'agisse des rythmiques ou des solis; alors que l'introduction aurait pu laisser croire à un titre plus "progressif". "El Dorado", qui avait été mis en avant ( et en ligne ) lors de la promotion de l'album se laisse écouter et bénéficie d'un aspect vraiment Rock'n'Roll qui peut faire sous certains aspects penser à 'From Here To Eternity' ( en beaucoup plus supportable toutefois ), par exemple. Niveau innovation par contre, on repassera. Steve Harris nous gratifie d'une ligne toute en triolets type cataclop-cataclop galop de cheval; les trois guitaristes ne rivalisent pas non plus d'inspiration et le refrain ne restera pas dans les annales.

On passe à "Mother Of Mercy" et si la mélodie d'intro "en light" que l'on imagine très vite être reprise dès le deuxième couplet, avec forces de grattes et un bon mur de son; c'est évidemment le cas ( quelle surprise ! ) mais on déchante vite tant le pétard est mouillé. Pas de pêche, et surtout le constat amer de se dire que Bruce ne sera plus jamais le même. Le refrain est poussif à souhait et l'on sent notre pauvre chanteur geindre lorsqu'il tente de retrouver ses aigus d'antan. A 50 ans, je reconnais que le bougre s'en sort encore globalement bien mais qu'il devrait dorénavant adapter son chant à ses capacités réelles. Inutile de dire qu'au bout de trois refrains le point de saturation est proche; et que l'on remercie le bouton "mute".

"Coming Home" est une bonne surprise ( après le calvaire subit lors de la chanson précédente, on devient moins difficile aussi ). L'on retrouve un brin du MAIDEN qui fait rêver, celui qui varie les sons de guitare ( dans un mix acoustique-électrique ) pour créer quelque chose d'intéressant, celui qui nous pond un refrain épique et facile à reprendre, celui qui a une lead guitare discrète mais qui s'incorpore parfaitement dans le rendu global. Un bon titre qui fait plaisir.

Avec "The Alchemist", j'ai eu la furieuse impression d'entendre une resucée de "Man on The Edge", qu'il s'agisse du riff ou de la structure du morceau. A noter qu'il s'agit du plus court morceau de l'album ( 4min30 environ ) et qu'il est bien placé pour figurer en tant que deuxième single puisque l'on sent bien la volonté du groupe à placer une mélodie facile à retenir et à reprendre à tue-tête en concert. Pas transcendante mais agréable car assez rythmée. On en est à la moitié du voyage et pour l'instant on a pas beaucoup avancé...

 "Isle of Avalon" est un morceau que l'on sent monter graduellement; les instruments prenant davantage de place sur la mélodie de voix de Bruce au fur et à mesure que l'introduction se dévoile. On ne peut que reconnaître la volonté du groupe à composer quelque chose d'original et dans la mouvance progressive; les changements de riffs et de rythmes sont surprenants, les solis sont posés sur une rythmique avec un petit contre-temps assez appréciable. Au bout des neuf minutes on se sent tout de même rassasié.

 "Starblind" est la deuxième bonne surprise de l'album. Le riff fait hommage aux grandes heures du groupe tout en apportant un soupçon d'originalité. Bruce n'en fait pas trop et chante son refrain à même la rythmique, sans apport superflu d'un lead insistant ou quelque parasite que ce soit. La deuxième partie du morceau offre une rupture intéressante avec une nouvelle fois une partie de batterie inspirée. Puis une troisième prend place avec de légère nappes de synthé, qui s'intègrent à merveille dans l'ensemble. Sans doute écho à l'irremplaçable "Seventh Son Of A Seventh Son", "Starblind" est un titre qui rappelle que MAIDEN sait encore écrire de bonnes chansons "techniques" sans pour autant devoir prendre ses auditeurs pour des abrutis en adoptant des gimmicks ridicules.

Sur une introduction en duo chant/guitare acoustique de quasiment 2min30, "The Talisman" prend place. Une fois l'ensemble parti, j'ai eu l'impression d'entendre un riff calqué sur "Ghost Of The Navigator", ce qui n'est pas une mauvaise chose en soi. Mais l'ami Bruce nous fait preuve de ses limites en s'égosillant à tort sur les couplets. Niveau musical, certains petits riffs pourtant bien trouvés se trouvent brutalement avortés et relégués eu rang de transitions au profit de celui du refrain qui ne casse pourtant pas trois pattes à un canard. Dommage car le morceau n'est pas d'un grand intérêt et s'avère bien long ( 9 minutes ) : un peu plus de variété aurait été bienvenue pour compenser la médiocre prestation vocale.

"The Man Who Would Be King" réitère une énième fois le schéma utilisé jusqu'à la nausée de la petite intro lente avec lead de guitare et petite basse sur laquelle se pose le chant. Assez présomptueux, ce titre se veut complexe mais traîne vite en longueur; le riff principal s'avérant très mou. On sauvera de cette chanson un refrain facile mais efficace et une partie avec du slide qui donne un semblant d'ambiance.

Et pour le grand final ? Une belle surprise ? Non, bien au contraire. Avec "When The Wild Wind Blows", IRON MAIDEN embrasse la médiocrité dans une franche accolade. De par cette introduction, toujours aussi classique ( guitare+basse+chant ) et surtout grâce à cette mélodie niaise à souhait que j'aurais bien mieux vue illustrer le dessin animé de Popeye le marin. Quasiment tout le morceau est basé sur ce riff affreux, et les ponts, breaks ne relèvent pas le niveau car on assiste toujours à cette débauche de leads crétins et de rythmiques mollassonnes. Au choix, soit on s'ennuie soit on s'énerve. Pour bien faire, le morceau dure onze interminables minutes.

Bien content d'avoir tenu ces 75 min sans dormir, mais assez amer et déçu. Plus globalement et en termes de production, il n'y a rien à redire : La Vierge De Fer a trouvé un calibrage qui lui sied parfaitement et ne touche plus un potard en studio depuis quelques albums. Ici non plus, aucune audace.

En conclusion, cet album est peut-être la synthèse de ce que je peux reprocher au groupe depuis le début des années 2000. Les titres sont longs et prétentieux ( comme si la durée des titres était pour eux un argument de complexité ); les trois guitaristes veulent se tailler la part du lion mais exécutent des solis insipides; les leads sont mauvais et les rythmiques resucées; enfin la machine ne s'emballe jamais. Mais avant tout, IRON MAIDEN ne sait plus poser d'ambiance et c'est bien ce qui fait le plus mal. Un album encore une fois dispensable et difficile à digérer non pas par sa complexité mais pour sa lourdeur.

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